Lire Dante aujourd’hui. Un parcours entre France et Italie

sous la direction de Guido Castelnuovo, Anna Pia Filotico, Cécile Le Lay

Cécile Le Lay, Guido Castelnuovo, Introduction (pp. 13-14)

Giuliano Milani, Antonio Montefusco, « Indépendamment des vers de Dante ». Un parcours dantesque entre textes, biographies et archives (pp. 17-49)

L’article étudie la place du Codice diplomatico dantesco dans les études dantesques depuis un siècle, en trois étapes : 1921 (Barbi), 1965 (Contini), et la période récente. Le rapport aux sources documentaires a changé, notamment en fonction des liens entre les domaines de recherche, ou des échanges, y compris politiques, entre les générations de chercheurs. L’intérêt renouvelé pour l’étude des documents a conduit les auteurs à revoir l’ensemble de la documentation concernant Dante et sa famille.

Giulia Puma, Voir Dante aujourd’hui. La Comédie visualisée : étude d’un corpus enluminé à l’ère de sa numérisation (pp. 53-73)

L’article retrace la constitution de l’enluminure dantesque en champ de recherche (XIXe-XXe s.), jusqu’au projet international en cours (Dante visualizzato). Puis une vue d’ensemble de la production de Divines Comédies enluminées au Trecento est proposée (recherches les plus récentes). L’exemple du visibile parlare (Purg. X-XI) est ensuite développé, notamment à partir du ms. Additional 19587. Enfin, l’article fait un point sur les politiques actuelles de numérisation en la matière.

Sergio Cristaldi, Vigilia del dantismo di Foscolo (pp. 75-97)

L’ode A Dante de Foscolo est caractérisée par une convergence d’orientations littéraires et d’inclinations politiques. Foscolo met en parallèle le portrait de Dante, poète d’une justice vengeresse, et le sien, où il s’affiche en tant qu’interprète de la vague révolutionnaire. Si l’apanage de l’eschatologie, avec ses mesures punitives post mortem, revient au poète médiéval, le poète moderne a pour lui le domaine de l’histoire, où les privilèges et les abus connaissent déjà leur sanction décisive.

Alessandro Benucci, Les voies ineffables de la lumière dans la Commedia (pp. 101-117)

Dans le Paradis, la poétique de l’ineffable tend à s’effacer derrière la phénoménologie de la lumière et son pouvoir figuratif qui permettent à Dante de décrire l’éblouissante splendeur des vérités ultimes. Les stratégies rhétoriques qui la sous-tendent sont pourtant déployées de façon récurrente dans l’Enfer et dans le Purgatoire. La Divine Comédie serait donc traversée par une même logique formelle, qui placerait la lumière – et son absence – au centre du processus herméneutique du trasumanar.

Massimo Lucarelli, Interazioni tra penitenza dell’agens e palinodia dell’auctor. Note sul pentimento nella Commedia (pp. 119-141)

Le repentir, notamment dans son sens chrétien d’itinéraire pénitentiel de conversion, peut être considéré comme le véritable fil rouge du macrotexte autobiographique constitué de Vie nouvelle, Banquet et Divine Comédie. Cette hypothèse, se focalisant sur l’interaction entre les repentirs de Dante agens et les palinodies de Dante auctor, pourrait confirmer ou infirmer quelques interprétations de certains passages de la Divine Comédie (et spécialement du Purgatoire).

Paolo Pizzimento, «Disegnare figure d’angeli» (Vn XXXIV, 3). Su alcuni aspetti del simbolismo di Beatrice nella Vita nuova (pp. 145-177)

L’étude s’inspire de la querelle entre Pierre Mandonnet et Étienne Gilson sur la figure de Béatrice pour enquêter sur certains aspects du symbolisme complexe de la « très-gentille » dans la Vie nouvelle. À cet effet, Béatrice est analysée dans sa valeur de nombre et de sacrement. Enfin, un parallèle est proposé entre le symbolisme de l’icône sacrée de la tradition byzantine et le symbolisme de Béatrice à la lumière de l’épisode de la Vie nouvelle dans lequel Dante peint des figures d’anges.

Alberto Casadei, Franceschino Malaspina interlocutore di Dante, Cino e Sennuccio (pp. 181-187)

Revue des études dantesques n° 4 (2020)