sous la direction de Christophe Libaude

Christophe Libaude, Préface (pp. 9-10)

Bruno Pinchard, Trasumanar tra terra e mare (pp. 13-25)

Cet article montre l’importance des Météorologiques d’Aristote dans l’œuvre de Dante, une œuvre traversée par des vents, des tremblements de terre, des foudres, des météores. Mais ce traité n’offre pas seulement un cadre physique au poète : l’ensemble de sa vision, son Trasumanar, repose sur une poétique des métamorphoses pour laquelle il mobilise la théorie aristotélicienne des phénomènes météorologiques.

Ruedi Imbach, La gracieuse lumière de la raison. Variations et portée de l’argumentation philosophique chez Dante (pp. 27-48)

Les grands principes aristotélicien, nature, causalité ou adéquation entre les moyens et la fin sont fréquemment repris par Dante, qui les utilise dans différents domaines, comme les langues, la réflexion politique ou encore la question du désir et de la finitude humaine. L’examen de ces principes permet de montrer avec quelle liberté, quelle rigueur et quelle audace Dante conduit son argumentation, comme lors de la discussion sur les vertus théologales dans les chants XXIV et XXV du Paradis.

Christophe Libaude, Le mythe d’Orphée chez Dante (pp. 49-70)

Le passage du Banquet sur le sens allégorique évoquait le pouvoir d’Orphée. Mais c’est en insistant sur le risque de la perte de ce pouvoir (la mort d’Orphée), qu’on peut retrouver des signes d’une présence du mythe dans différents passages de l’œuvre de Dante, de la Vita Nova au Purgatoire, des « pierres qui crient » au mythe de Philomèle. Car le poète ne peut accomplir son voyage vers Béatrice que s’il parvient à échapper à l’état de stupeur dans lequel la mort d’Eurydice a plongé Orphée.

Marco Veglia, « Il consigliere di dio » (Postilla a Mon. I, xii-xiii) (pp. 71-92)

Partant d’un article d’O. Capitani, « Dante e la società comunale », cette contribution analyse l’idée d’un « fonctionnalisme » social et politique de Dante, dans ses écrits politiques, en particulier les chapitres xii et xiii du livre I du De Monarchia, et dans son engagement dans la vie politique de Florence. Cette étude montre ainsi la continuité entre le Dante conseiller politique à Florence et le Dante « conseiller » en exil, entre le Dante prieur et le Dante « conseiller » de Dieu dans la Divine Comédie.

S. Ferrara, E. Zanin, « Io vidi la speranza de’ beati » (V.N., XIX, 8). Dante en France (suivi d’un florilège de traductions) (pp. 93-121)

Cet article reprend l’histoire des études sur Dante, de Claude Fauriel et de Frédéric Ozanam à nos jours, étudiée d’un point de vue institutionnel, ce qui permet d’évoquer l’histoire de l’italianisme français. Les recherches et les traductions menées récemment sont citées de manière précise, jusqu’à la fondation de la Société Dantesque de France. L’article est suivi d’un florilège des traductions des deux premières terzine de la Divine Comédie.

Yoann Loir, Le procès du « Dante français ». Baudelaire, ou l’Enfer sans Vita Nova (pp. 123-152)

Que vaut la caution dantesque inventée pour défendre l’immoralité de Baudelaire ? L’article montre que la critique du xixe siècle qui le consacre « Dante français » déplore qu’il n’ait su être qu’une perversion du Dante catholique et angélique. Contre ce portrait, Baudelaire peint un visage sombre de Dante, allant jusqu’à déceler l’emprise de l’Enfer sur la Vita Nova. La Béatrice baudelairienne, paradoxalement idéalisée pour sa cruauté, devient une allégorie du pouvoir de destruction de l’amour.

Compte rendus (pp. 155-161)

Giuseppe Ledda, compte rendu de A. Battistini, La retorica della salvezza, Bologna, Il Mulino, 2016.

Revue des études dantesques n° 1 (2017)